Discours Martin Luther King

Analyse discours MARTIN LUTHER KING I have a dream

Discours Martin Luther King

Le 28 août 1963, 250 000 personnes se sont réunies devant le Lincoln Memorial à Washington. C’était à l’occasion de la marche pour l’emploi et la liberté. C’est alors que le pasteur Martin Luther King a prononcé son fameux discours « I have a dream ».

Cette prise de parole a marqué les esprits grâce à l’éloquence de Martin Luther King. Mais la force de son discours demeure également dans sa structure, ses couleurs poétiques et ses figures de style.

En raison du copyright, la diffusion de l’intégralité du discours est interdite. En effet, les descendants de Martin Luther King ont hérité des droits d’auteurs. « Il est interdit de partager sur Internet le «I Have a Dream» de Martin Luther King« .

Vous pouvez cependant télécharger le texte original ainsi que sa traduction ici : I have a dream. Et en découvrir un extrait sous-titré ci-dessous :

Le contexte du discours de Martin Luther King

À ce moment de l’Histoire des États-Unis, les Noirs américains subissent encore les lois discriminatoires de la ségrégation raciale.

L’objectif de cette prise de parole est alors de faire avancer l’accession aux droits civiques des Noirs américains. Son but est également de sensibiliser aux difficultés quotidiennes auxquelles ils sont confrontés.

Ce discours est d’une force telle qu’il a été un élément décisif pour l’avancée des droits civiques des citoyens Noirs américains. En effet, dès l’année suivante en juillet 1964 des lois civiques ont été adoptées. Elles avaient pour objet d’interdire toutes discriminations dans les lieux publics, pour l’emploi ou encore au cours des élections.

Discours Martin Luther King I Have a dream
Discours Martin Luther King I Have a dream

La structure finement ficelée du discours de Martin Luther King

Martin Luther King introduit son discours en évoquant ce fait historique qu’est la signature par le président Abraham Lincoln de la proclamation d’émancipation pour l’abolition de l’esclavage en 1862. Démarrer son introduction avec un fait est l’une des méthodes infaillibles pour réussir à accrocher son auditoire dès le démarrage. (cf. article Comment bien démarrer sa prise de parole)

Ainsi, il oppose l’avenir prometteur qu’était censé augurer cet événement historique pour les Noirs américains à la réalité du contexte présent 100 ans après. Pour ce faire, il utilise de nombreuses métaphores. Elles permettent de mettre en évidence le décalage entre l’espoir éveillé 100 ans auparavant et la désillusion due à la situation actuelle.

L’espoir : « It came as a joyous daybreak to end the long night of their captivity. »

Traduction : « Il (le decret d’abolition d’esclavage) est venu comme une joyeuse aurore mettant fin à la longue nuit de leur captivité. »

La désillusion : «  One hundred years later, the Negro lives on a lonely island of poverty in the midst of a vast ocean of material prosperity. »

Traduction : «  Cent ans plus tard, le Noir vit sur une île solitaire de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. »

Pour accentuer l’ampleur de la gravité de la situation, il introduit sa première anaphore. Il reprend de façon consécutive à 3 reprises les termes « one hundred years later». Traduction : « Cent ans plus tard… »

(Pour anaphore, cf. article Discours inspirant)

Un discours avec un objectif bien défini

Après avoir dressé le tableau du contexte qui pose problème en introduction, il annonce concrètement son objectif :

« We have also come to this hallowed spot to remind America of the fierce urgency of Now (…) Now is the time to lift our nation from the quicksands of racial injustice to the solid rock of brotherhood. »

Traduction : « Nous sommes également venus dans ce lieu sacré pour rappeler à l’Amérique l’urgence féroce de l’instant présent (…) Il est temps de faire passer notre nation des sables mouvants de l’injustice raciale au roc solide de la fraternité. »

Toujours avec de belles métaphores poétiques qui vont venir étayer son argumentation.

L’empathie de la connexion

Martin Luther King témoigne son empathie envers son public. Il lui fait comprendre qu’il connaît et comprend ses difficultés ainsi que sa réalité :

« I am not unmindful that some of you have come here out of great trials and tribulations. Some of you have come fresh from narrow jail cells. And some of you have come from areas where your quest – quest for freedom – left you battered by the storms of persecution and staggered by the winds of police brutality. You have been the veterans of creative suffering…»

Traduction : « Je ne suis pas sans savoir que certains d’entre vous sont venus ici après de grandes épreuves et tribulations. Certains d’entre vous sortent tout juste de cellules de prison étroites. D’autres encore viennent de régions où leur quête leur quête de liberté – les a fait souffrir des tempêtes de la persécution et chanceler sous les vents de la brutalité policière. Vous avez été les vétérans d’une souffrance créatrice… »

Témoigner de l’empathie lors de ses prises de parole permet de créer une profonde connexion avec son auditoire. Celui-ci sera naturellement plus engagé dans le discours prononcé ce qui en renforcera l’impact.

La force d’une vision stimulante

Le message que vient délivrer Martin Luther King est porteur d’une vision énergisante pour son auditoire. Il est question de sa vision du monde qu’il veut voir émerger. Que ce soit pour le public, pour ses proches ou pour lui-même. Sa vision est celle d’une Amérique libre de toute ségrégation.

(Importance de la vision : cf. article Discours inspirant)

«  I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: « We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal. » »

Traduction : « Je rêve qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la véritable signification de son credo : « Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes sont créés égaux. » »

Il amène cette vision et sa description par le biais d’une anaphore ce qui renforce son impact. La force de cette anaphore est tellement puissante qu’elle continue de marquer les esprits des décennies après. « I have a dream .. traduction : « J’ai un rêve… ».

Discours Martin Luther King I Have a dream
Discours Martin Luther King I Have a dream

Le pouvoir des références

Le pouvoir du discours de Martin Luther King réside dans ses nombreuses références. Avec « I have dream », il fait référence au rêve américain. Le rêve américain est le concept qui véhicule l’idée que n’importe quelle personne vivant aux États-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir prospère. Un rêve auquel jusqu’ici les citoyens Noirs américains n’ont eut aucun accès ni droit.

En tant que pasteur, il fait aussi des références bibliques :

Ésaïe 40:4

«  I have a dream that one day every valley shall be exalted, and every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed and all flesh shall see it together. »

Traduction : « Je fais le rêve qu’un jour chaque vallée s’élèvera et chaque colline et montagne sera aplanie, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux redressés, et la gloire du Seigneur sera révélée et tous les êtres faits de chair la verront ensemble. »

Les montagnes qui doivent être aplanies représentent dans la Bible les oppresseurs du peuple d’Israël. Les vallées qui s’élèveront représentent Israël qui retrouve ses droits et sa liberté. Il s’agit là d’un parallèle avec ceux qui oppriment les Noirs américains et qui doivent être mis hors d’état de nuire « chaque montagne sera aplanie » et les citoyens Noirs américains qui doivent retrouver leurs droits et sortir de l’oppression « chaque vallée s’élèvera ».

Un final retentissant

King amène sa conclusion avec une fin dont l’intensité monte crescendo. Toujours à l’aide de figures de style telles que l’anaphore avec la reprise des termes «  Let freedom ring », traduction : « Que la liberté retentisse » comme pour marteler et imprégner les esprits de son message.

Le tout pour finir sur un épizeuxe, figure de style consistant en la répétition consécutives de mots ou groupe de mots dans une même phrase. Le but est d’insister sur le caractère important du message, de lui donner de l’emphase afin de focaliser l’attention de l’auditoire sur un propos en particulier.

« Free at last ! Free at last ! », traduction : « Enfin libre ! Enfin libre ! »

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L'ART DU STORYTELLING

24 avril 2023

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