Foudre d'Eloquence
SYNDROME DE L’IMPOSTEUR
Syndrome de l’imposteur : vous vous sentez parfois illégitime pour vous exprimer, pas à votre place dans un groupe, vous avez tendance à vous dévaloriser… Lisez la suite pour mettre tout ceci à distance, vous sentir plus confiant et vous exprimer plus librement.
Le syndrome de l’imposteur, ça vous parle ? Voici 6 façons efficaces pour le mettre à distance
le syndrome de l’imposteur ?
Vous arrive-t-il de vous sentir illégitime lorsque vous devez prendre la parole en public ? Avez-vous une fâcheuse tendance à vous dévaloriser par rapport aux autres ? Est-ce que parfois, en réunion, dans une assemblée ou en groupe, vous ne vous sentez pas à votre place ?
Vous êtes peut-être sujet au syndrome de l’imposteur. Alors pas de panique, cela n’a rien d’une pathologie. Voyons ensemble de quoi il s’agit. Découvrons comment le détecter, et surtout, quelles sont les meilleures façons de s’en défaire. Ceci vous permettra alors de libérer votre parole et de vous sentir plus confiant.
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ToggleSyndrome de l’imposteur : kesako ?
Comment se définit le syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur a été mis en lumière en 1978 par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes. La personne atteinte de ce syndrome entretient l’idée d’être incompétente. Ellet met systématiquement en doute la valeur de son travail ainsi que ses accomplissements. Elle estime qu’elle ne mérite pas les honneurs ou situations avantageuses qu’on lui attribue. Selon sa perception, ses réussites seraient principalement dues à un concours de circonstances plutôt qu’à ses propres mérites. Les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur ont développé une propension à nier leurs atouts. Ainsi, elles doutent systématiquement de leur niveau de compétence, de la qualité de leur travail ou encore de l’ampleur de leur talent.
Quelles sont les conséquences du syndrome de l’imposteur ?
Se pensant sur-estimées par ceux qui reconnaissent leurs aptitudes, ces personnes peinent à accepter les compliments. Leur plus grande inquiétude est d’ailleurs que leur “supercherie” soit démasquée. Elles craignent que leur incompétence présumée soit révélée au grand jour.
Ce syndrome est responsable d’un sentiment d’infériorité et d’une aptitude à s’auto-dévaloriser. Il serait le résultat d’une dichotomie entre la perception que l’on a des autres et le regard que l’on porte sur soi-même.
Ce syndrome est souvent générateur de stress, d’anxiété, de sentiments de culpabilité ou encore de honte.
Qui est concerné par ce syndrome de l’imposteur ?
La psychologue Pauline Rose Clance est revenue des années plus tard sur le terme “syndrome”. Elle estime qu’il ne s’agit pas d’une pathologie, mais d’une façon d’expérimenter certaines situations de notre vie. Aussi, tout le monde peut être amené à l’expérimenter à un moment donné. Ainsi, que vous soyez chef d’entreprise, travailleur débutant, doctorant, artiste, ingénieur, entrepreneur, étudiant… vous pourriez vous aussi y être confronté. Selon les études réalisées pour the Impostor Syndrome Institut, 70 à 84 % de la population serait concernée.
Et alors, d’où vient exactement le syndrome de l’imposteur ?
Plusieurs éléments liés à notre environnement peuvent mener à développer le syndrome de l’imposteur. Les principaux facteurs à l’origine de ce complexe sont :
- Les facteurs familiaux
- Les facteurs sociétaux
- Les facteurs professionnels
Les facteurs familiaux
Il arrive qu’un parent mette beaucoup d’enjeux et de pression sur les résultats scolaires et pluridisciplinaires de son enfant. Celui-ci pourrait alors développer des sentiments d’insatisfaction récurrents face à ses propres réalisations. Être conditionné à devoir en faire toujours plus peut faire émerger une tendance au perfectionnisme. À cela s’ajoute la désagréable sensation de ne jamais en faire assez.
Les rapports dans les fratries peuvent aussi faire naître des compétitions et/ou comparaisons. Il peut en découler un sentiment d’insécurité qui perdurera avec l’âge. Cette insécurité sera à l’origine d’un besoin fréquent de se comparer aux autres.
Les facteurs sociétaux
Les préjugés sociétaux et les stéréotypes sont souvent source de malaises. Ceux qui les subissent en viennent à développer un sentiment de non-appartenance.
La question de l’âge
On peut se considérer trop jeune ou trop âgé dans un cadre donné. Cela peut rendre difficile le sentiment de crédibilité lorsque l’on prend la parole. Les préjugés liés à l’âge, peuvent faire penser qu’il faut avoir atteint un certain âge pour pouvoir traiter certains sujets. Les stéréotypes sur l’âge concernent aussi l’accession à certains types de postes. Je travaille souvent avec des jeunes managers qui peinent à se sentir légitimes dans leur fonction. La communication avec leurs équipes ou leurs supérieurs hiérarchiques peut leur sembler compliquée en raison de leur âge.
La question du genre
Les femmes sont particulièrement concernées par la question du genre. Combien de fois n’ai-je pas entendu des femmes me faire part de leurs difficultés à se sentir légitimes. En tant que femme, elles ne se sentent pas à leur place pour s’exprimer face à leurs collègues. Les croyances et ressentis relayés dans l’inconscient collectif poussent certaines femmes à penser qu’elles n’ont pas droit à la parole, ni à être écoutées ou reconnues. Elles sont convaincues qu’elles n’ont pas le droit à l’erreur et qu’elles risquent d’être jugées plus sévèrement. Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes enquête sur l’état du sexisme en France. Dans leur rapport de 2023, il est stipulé que 80% des femmes estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe.
À noter cependant que, d’une façon générale, le syndrome de l’imposteur toucherait tout autant les hommes que les femmes. Ceci a été reconnu, contrairement à ce qui avait été établi lorsqu’on a commencé à parler du syndrome d’imposture.
La question des minorités
Appartenir à un groupe minoritaire (ethnique, orientation sexuelle, condition physique…) peut être source d’inconfort. Dans certaines situations, cela peut créer le sentiment qu’il faut en faire beaucoup plus que les autres. On pense devoir en faire plus, pour prouver sa valeur, se sentir accepté et validé. Il s’agit de la résultante des préjugés créés et entretenus par la société sur les groupes et communautés qui sont différents.
Chika Stacy Oriuma est une femme médecin noire qui a étudié la médecine à la faculté de l’Université de Toronto. Dans une interview réalisée en 2019 pour le site cma.ca, (carrefour-des-medecins) elle raconte que lors de sa première année d’intégration lui ont été posées les questions suivantes : “est-ce qu’on m’avait donné un coup de pouce pour entrer en médecine, si on avait abaissé les critères, ou pris des mesures spéciales”. Elle savait bien qu’elle n’avait pas eu de traitement de faveur. Mais ces questions l’ont fait douter de son appartenance à cette profession. Elle ajoute ensuite “Je sentais une obligation de représenter ma race. Je ne me donnais donc pas le droit à l’erreur et ça a aggravé mes tendances perfectionnistes”.
À un moment donné, elle a commencé à ressentir des signes de dépression. C’est donc avec un thérapeute qu’elle s’est faite aider pour faire le point sur ce qu’elle vivait. Désormais médecin, elle a obtenu son diplôme en 2020. Elle a ainsi été choisie pour prononcer le discours d’adieu de sa promo à la faculté de médecine.
Le niveau d’étude
Certaines personnes ont pu développer de solides compétences en tant qu’autodidactes. Elles ne sont pas passées par le circuit des grandes écoles et autres cursus pour obtenir des diplômes. Et parfois, cela peut susciter chez elles un sentiment d’infériorité face aux personnes diplômées. Récemment encore, j’ai travaillé avec une femme qui n’a pas de diplômes. Elle a évolué au fil des ans dans sa société. Dans le cadre de sa nouvelle fonction, elle doit faire régulièrement des présentations face à ses collègues. Jusqu’à notre rencontre, elle était persuadée qu’elle ne serait pas prise au sérieux, ni légitime face à ses collègues diplômés.
Le complexe d’infériorité des autodidactes est principalement dû à un certain mode de fonctionnement du système sociétal. Celui-ci a tendance à valoriser et reconnaître davantage les compétences des diplômés à celles acquises par l’expérience et le développement des connaissances sur le terrain.
Les facteurs professionnels
Démarrer un nouveau poste à responsabilité peut être à l’origine d’une grande pression. Il faut un certain temps pour emmagasiner l’ensemble des données nécessaires pour pouvoir faire son travail sereinement. Dans les premiers temps, cela peut faire émerger un sentiment de doute et d’incertitude quant à ses aptitudes. L’habilité à s’affirmer dans son travail et face à ses collègues s’en trouve alors grandement affectée.
Le Dr Valerie Young est co-fondatrice de ‘The Impostor Syndrome Institut’. Selon elle, 97% des personnes issues des milieux créatifs et artistiques sont sujets au syndrome de l’imposteur. Ainsi les agences de publicité, les graphistes, les chanteurs, les conférenciers, les chefs d’entreprise, etc… n’y échapperaient pas. Des acteurs tels que Jodie Foster, Tom Hanks, Viola Davis témoignent avoir expérimenté ce phénomène. L’écrivaine Maya Angelou redoutait à chaque sortie de livre que l’on découvre son absence de talent. L’une des raisons est que ces métiers sont soumis en permanence aux jugements de professionnels dont les critères peuvent être subjectifs. Cela s’explique aussi par les comparaisons permanentes qui sont faites entre pairs.
Comment dézinguer le syndrome de l’imposteur ?
Pour commencer, il importe de prendre conscience que tout se passe au niveau de notre perception. En effet, celle-ci n’est pas toujours des plus objectives. On va donc s’atteler à remodeler notre mode de perception de façon à ce qu’elle nous soit plus favorable.
Pensez comme les “non-imposteurs”
Ayez bien à l’esprit que les personnes qui ne se considèrent pas comme des imposteurs ne sont ni plus intelligentes, ni plus brillantes ou compétentes que vous ne l’êtes. La seule différence avec vous est qu’ils pensent différemment.
Face à l’échec par exemple, une personne atteinte du syndrome de l’imposteur aura tendance à ressentir de la culpabilité, de la honte voire du dépit. Tandis que les “non-imposteurs” savent qu’ils ne peuvent pas réussir partout et tout le temps et ils sont OK avec cette idée. L’impact psychologique est moindre pour eux car ils savent que l’erreur est une possibilité et que cela n’enlève rien à leur valeur.
L’expérience de Michelle Obama
Dans une vidéo pleine d’humour, Michelle Obama nous parle de son expérience avec le syndrome de l’imposteur. Elle explique qu’il est lié à un mode de pensée que l’on entretient dans son esprit. Si on nous a répété ou fait comprendre que l’on était pas assez bon, pas à notre place, etc… ce mode de pensée va s’inscrire dans notre esprit.
Elle raconte que c’est une idée qui lui a souvent été inculquée tout au long de sa carrière. Lorsqu’elle a intégré Princeton, on lui a notamment fait comprendre que ce n’était pas fait pour elle. Elle a par la suite siégé dans des assemblées auprès de personnes puissantes avec des avocats, des universitaires, dans des associations et bien sûr au gouvernement. Elle pensait au départ ne pas être à sa place jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’au final c’était l’homme assis à côté d’elle, celui qui n’arrêtait pas de parler, qui n’était pas à sa place ! Comme on a laissé croire à cet homme qu’il était à sa place bien que ce ne soit pas le cas, il se sentait parfaitement légitime pour prendre la parole. Bien qu’il n’ait pas été à sa place, il a su entretenir l’idée que c’était le cas pour se sentir suffisamment à l’aise face aux autres.
Valerie Young nous explique que la première chose à faire consiste à remodeler les messages d’imposteur que l’on entretient pour apprendre à penser comme un “non-imposteur”. Apprenez à identifier ces messages afin de les refaçonner selon le mode de pensée d’une personne qui se croit ou qui se sait être à sa place.
Vous n’avez pas à vous sentir confiant pour avoir l’air confiant, mais vous devez pensez que vous l’êtes. Valerie Young
Stoppez votre combat intérieur contre vous-même
Lorsque l’on souhaite agir sur un comportement qui nous pose problème, le meilleur moyen d’échouer est de se formuler des injonctions répétitives et oppressantes. Les fameux “il faut”. Si on prend l’exemple de la personne qui veut perdre du poids, il suffit qu’elle se dise : ”il faut que je fasse des efforts” pour créer un stress qui lui donnera probablement encore plus envie de manger. De même, on sait l’inutilité de vouloir consoler une personne en lui disant “ne sois pas triste” ou encore celle de chercher à en calmer une autre en lui disant “arrête de t’énerver !”
Se battre contre ses penchants, ses émotions et ses besoins ne font que les renforcer et accentuer notre malaise. Ainsi, se dire “qu’il faut être moins stressé”, “être moins perfectionniste”, “lâcher prise”, “prendre sur soi”… n’aidera pas, bien au contraire.
En 3 points :
- Acceptez dans un premier temps que votre syndrome d’imposteur rend certaines situations plus complexes sans vous culpabiliser.
- Apprenez à reconnaître les situations qui déclenchent votre sentiment d’imposture et prenez conscience de ce qu’elles induisent chez vous.
- Observez le discours intérieur qui se met place, les émotions qui s’éveillent et le comportement qui en découle. Il peut s’agir d’une situation qui vous pousse à travailler toujours plus, à aller dans les détails. Acceptez alors que cela vous conduit à être dans la précision. Ce côté perfectionniste est le moyen que vous avez mis en place pour vous procurer un sentiment de sécurité face au sentiment d’illégitimité.
Modifiez d’abord votre discours intérieur, comme vu au chapitre précédent afin d’apaiser vos émotions. Vous pourrez ensuite naturellement, “lâcher prise” sur votre besoin d’en faire plus qui n’est qu’un moyen de vous rassurer.
Au lieu de combattre vos émotions et vos penchants, remodelez d’abord votre mode de pensée. Cela contribuera à apaiser vos ressentis puis à agir différemment.
Les ressentis changent une fois les pensées transformées. Valerie Young
Sortez de la présomption du jugement d’autrui
On ne va pas se mentir, il existe ce qu’on appelle des “mauvaises langues”, des gens qui médisent, qui jugent et qui parfois peuvent être très cassantes. Lorsque les remarques sont agressives et/ou non constructives, elles peuvent être très blessantes. Elles sont généralement le fruit de personnes malveillantes, maladroites ou mal intentionnées. D’ailleurs Internet regorge d’illustrations de ce genre d’individus !
Cependant, il serait bon de reconnaître que la plupart des jugements que nous redoutons sont ceux que nous nous adressons à nous-même. Dans la plupart des cas, les gens avec qui je travaille sont prêts à reconnaître que leur auditoire est généralement plutôt bienveillant. En fait, votre public a tout autant envie que vous que votre présentation se passe bien. Il est là pour apprendre des choses, avoir des informations, passer un bon moment. Contrairement à ce que vous pouvez imaginer, les autres ne passent pas autant de temps que cela à vous observer pour vous évaluer.
Détournez votre esprit des critiques potentielles en vous concentrant sur votre message. Vous focaliser sur votre message et sa portée vous aidera à vous défaire de la crainte du jugement.
Mettez un frein aux comparaisons avec les autres
C’est bien connu, l’herbe semble toujours bien plus verte chez le voisin. Comme nous le savons à présent, le syndrome de l’imposteur met en place un mécanisme dans notre esprit qui nous laisse penser que l’autre est toujours meilleur, plus légitime, plus méritant, etc…
Cependant, à l’instar des jolis comptes Facebook ou Instagram, il est facile de se méprendre sur la réalité des autres. Cette méprise vient de notre ignorance concernant les informations moins enviables sur ces personnes qui ne sont pas portées à notre connaissance.
La tendance à s’auto-dévaloriser pousse à envier chez l’autre les qualités dont nous pensons manquer, comme preuve de notre “infériorité”. Or, cette façon de considérer l’autre, lorsque nous nous comparons à lui, ne prend pas en compte l’ensemble de sa réalité qui nous échappe. Nous n’avons qu’une perception biaisée et subjective qui nous mène à interpréter les choses en notre défaveur, rapport à notre ressenti.
Aussi, admettons qu’étant vous, il n’est pas très logique de vous comparer à une personne qui n’est pas vous, qui n’a ni la même histoire, ni le même parcours, ni la même identité, ni les mêmes opportunités et possibilités… Nous sommes tous différents avec des forces, des qualités, des faiblesses, des talents, des ressources et des capacités qui nous sont propres.
Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide. Albert Eisntein
Rivalisez avec vous-même et non avec les autres !
Développez un regard plus objectif sur vous-même
J’ai remarqué que lorsque je demande aux personnes avec qui je travaille de faire une auto-évaluation après un exercice, sont principalement listés des points qui leur semblent négatifs. Je dois alors reformuler ma question en demandant “selon toi, qu’est-ce que tu as fait de bien ?”.
Il est important d’apprendre à réorienter cette vilaine tendance qui nous conduit à ne regarder que les éléments négatifs nous concernant.
Commencez par lister l’ensemble de vos réussites, accomplissements et compétences, tout ce qui vous concerne et vous procure un sentiment de fierté et de satisfaction. Allez à la recherche de vos talents et mettez les en œuvres. Ainsi, vous parviendrez à faire remonter votre estime de soi qui se trouve quelque peu écorchée par le syndrome de l’imposteur.
Accueillez et acceptez les regards et retours bienveillants
Le sentiment d’imposture rend difficile l’acceptation des remarques positives et des compliments. Considérez cependant que les personnes qui vous veulent du bien porteront d’emblée un regard bien plus objectif sur vous que la petite voix intérieure qui vous sabote. Prenez conscience de votre propension à rejeter les propos positifs à votre égard. Commencez progressivement à les considérer comme étant des observations réalistes de vos véritables aptitudes.
Pour aller plus loin : Trac, Glossophobie: comment dépasser ses peurs…
Conclusion
A l’instar de Michelle Obama, je conclurai sur les mots suivants :
- Prenez les places qui vous appellent et où on ne vous attend pas et occupez les pleinement.
- Soyez totalement vous-même en sachant que vos idées, vos expériences et vos valeurs sont importantes et méritent d’être partagées.
- Entraînez-vous à être là et à faire entendre votre voix !
Et pour vous, quand et comment se manifeste le syndrome de l’imposteur ?
GLOSSOPHOBIE TRAC : comment dépasser vos peurs
Sujet au trac ou à la glossophobie, parler un public peut s’avérer pour bon nombre d’entre nous être un véritable supplice. Heureusement, il existe des solutions concrètes pour s’en sortir, alors, voyons cela ensemble
rac Glossophobie: comment dépasser ses peurs pour parler comme un Pro ?
Un discours à faire dans les prochains jours : Super !… Quoi, non ?!? Pas vraiment en fait…
Le trac n’est pas votre ami ?… Eh oui, parler un public peut s’avérer pour bon nombre d’entre nous être un véritable supplice. Quand le trac vous assaille, c’est le cœur battant, l’estomac noué, les mains moites, la voix tremblante que vous approchez du moment tant redouté de prendre la parole.
Pire, vous souffrez de glossophobie, tétanisé par l’anxiété, il vous est difficile, voire impossible, de passer à l’action au moment venu.
Fort heureusement, il existe des solutions concrètes pour s’en sortir, alors voyons cela ensemble !
Mais d’abord examinons ces peurs et ce qui les caractérise…
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ToggleLes inconvénients avec le trac et la glossophobie
Lorsque l’on ne sait pas comment apprivoiser nos peurs, nos capacités et facultés à s’exprimer s’en trouvent altérées. Quand on n’a pas le choix, on voudra se « débarrasser » au plus vite de cette « tâche douloureuse » souvent perçue comme étant une « corvée ». Le besoin de se débarrasser de notre “corvée”, va nous pousser à bâcler notre présentation. On va parler trop vite, pas assez fort, bafouiller, s’embrouiller, éviter l’auditoire du regard… Bref, on fera une prestation qui ne sera pas à la hauteur de nos possibilités. A la longue cela entache notre estime de soi et accentue le manque de confiance en soi.
Aussi, l’anxiété due à la phobie de parler en public nous incitera à éviter les situations de prise de parole tant que possible. S’exprimer lors de réunions, donner son opinion, faire une remarque, partager une idée peut sembler inconcevable. Il en résulte malheureusement, dans de nombreux cas, des pertes d’opportunités à la fois professionnelles et personnelles.
L’importance de savoir parler en public.
Mais au fait, le trac, la glossophobie, c’est quoi exactement ?
Comment définir le trac et la glossophobie ?
Le trac et la glossophobie sont des formes spécifiques et distinctes de peurs liées au fait de s’exprimer ou faire une prestation en public.
La peur est une émotion générée par notre cerveau dans le but de nous prévenir d’un danger à venir. Elle nous informe qu’il faut se mettre en sécurité, se protéger.
Qu’est ce que le trac?
Il s’agit d’une forme de stress précédant une situation de performance ou de prestation en public. Également appelé « anxiété de performance », le trac se manifeste au niveau physiologique, mais également physique. Les symptômes apparaissent avant de faire un discours, une performance artistique comme jouer d’un instrument, une compétition de sport, etc…
Qu’est ce que la glossophobie?
Il s’agit de la phobie de parler en public. Une phobie est une peur irrationnelle génératrice d’une anxiété excessive et de symptômes physiques, physiologiques et mentaux plus ou moins importants et pouvant se révéler paralysants. La glossophobie serait une composante de l’anxiété sociale, trouble anxieux lié à une peur irrépressible d’être jugé ou rejeté.
Le pourcentage de personnes souffrant de glossophobie est en réalité nettement moindre que celui de celles sujettes au trac.
Quels sont les symptômes du trac et de la glossophobie ?
La glossophobie se distinguera du trac de par sa durée, son intensité et ses effets plus ou moins inhibants pour l’individu.
Les symptômes du trac
Les symptômes du trac commencent généralement à se manifester quelques temps avant le début de la prestation. Ils atteignent leur pic d’intensité juste avant le démarrage puis s’estompent au fur et à mesure de la progression de la présentation.
De formes multiples, leur intensité, quantité et spécificité diffèrent selon les individus. Au niveau physiologique, on recense des troubles tels que l’augmentation du rythme cardiaque, transpiration, respiration affectée, altération de la vue, maux d’estomac, nausées, tremblements, tensions musculaires, mains moites, rougissement, bouche sèche…
Ces manifestations s’atténuent au fur et à mesure de la prise de parole. Cependant, un événement inattendu, une pensée impromptue peuvent les réactiver en perturbant l’orateur. Il importe alors de mettre en place des stratégies pour ne plus se laisser déstabiliser.
Les symptômes de la glossophobie
Pour les glossophobes, ce sera un peu plus complexe. Les symptômes peuvent se faire sentir dès l’évocation du projet de prise de parole. Il vont perdurer jusqu’au jour du discours, pendant et parfois même après, durant plusieurs jours.
Aux symptômes cités précédemment peuvent s’ajouter des troubles du sommeil, des maux de tête ou encore une grande détresse physique et mentale. Le glossophobe pourra également s’enfermer dans des ruminations, ressassant inlassablement les points faibles de sa prestation, ajoutant ainsi un sentiment de culpablitité.
L’importance de l’anxiété ressentie peut mener à des crises d’angoisse, telles que des manifestations excessives des symptômes énoncés, mais également à des crises de panique. Ces crises vont inhiber les facultés et les ressources de l’orateur, celui-ci sera dans l’incapacité de s’exprimer librement. Dans des cas extrêmes certains en viennent à perdre connaissance. D’autres se retrouvent paralysés, incapables de produire un seul son une fois devant l’auditoire.
Quelles sont les causes et les origines du trac et de la glossophobie ?
Causes et origines du trac
Selon les individus, 3 facteurs peuvent être mis en cause pour déterminer les origines du trac : des facteurs psychologiques, physiologiques et contextuels.
Les facteurs psychologiques
Le manque de confiance en soi affecte notre mental, nos pensées et ainsi notre sérénité. Cette confiance va dépendre du regard que l’on porte sur soi, de son expérience, du niveau de préparation ou encore du sentiment d’illégitimité.
Lire article sur le syndrome de l’imposteur
La présomption du jugement d’autrui et la crainte de se sentir ridicule perturbent également notre pensée tout en augmentant notre sentiment d’insécurité.
La pression que l’on va se mettre pour réussir, de même que le besoin d’être parfait auront également un impact psychologique considérable de nature à augmenter notre niveau de stress.
Les facteurs physiologiques
La sécrétion des hormones du stress, tels que l’adrénaline et le cortisol, sont à l’origine des symptômes physiologiques de nos peurs. Cependant, certaines personnes peuvent en sécréter plus que la moyenne. De fait, le nombre et l’intensité de leurs manifestations dans le corps augmentent. Évoluer au quotidien dans un état anxieux peut favoriser un taux plus important de sécrétion d’hormones.
Les facteurs contextuels
Le cadre dans lequel vous intervenez, le public qui constitue votre auditoire, les conditions dans lesquelles vous faites votre prestation peuvent aussi impacter votre niveau d’anxiété. Vous n’avez pas assez de temps, le lieu est inapproprié, le public est non concerné, voire hostile, ou les moyens techniques sont insuffisants… Bon d’accord, vous ne rencontrerez peut être pas tout ces phénomènes en même temps, mais un seul de ces facteurs pourrait suffire à créer votre inconfort et faire monter votre niveau de stress.
L’entourage professionnel ou personnel, s’il s’avère malveillant ou dévalorisant, peut être une source de tensions internes. Ces tensions sont alors susceptibles de créer d’importantes angoisses au moment de s’exposer en public.
Causes et origines de la glossophobie
Pour le glossophobe, aux facteurs précédemment cités pour déterminer les origines du trac s’ajoutent des facteurs génétiques, éducationnels, environnementaux et traumatiques.
Les facteurs génétiques
Comme nous l’avons vu précédemment, la glossophobie est un trouble dérivé de l’anxiété sociale. De récentes études ont pu mettre en évidence les origines génétiques de l’anxiété sociale. The American Journal of Psychiatry a publié les résultats d’une expérience portant sur 200 000 individus. C’est la plus grande expérience réalisée à ce jour sur les troubles de l’anxiété. Ils ont ainsi pu mettre en évidence l’existence de gènes favorisant l’apparition de troubles anxieux et autres problématiques psychologiques connexes.
Cependant, même s’ils les favorisent, les facteurs génétiques à eux seuls ne suffisent pas à générer l’apparition des troubles phobiques. L’éducation ainsi que notre environnement auront un rôle déterminant quant à cette problématique.
Les facteurs éducationnels
Les professionnels de la santé ont observé que les personnes souffrant de troubles anxieux ont généralement des parents ou proches présentant les mêmes affections. Ainsi, lorsque l’adulte exprime ou manifeste des signes d’angoisse, l’enfant, observateur, reproduit et intègre inconsciemment les troubles de l’adulte. Il s’agit de transmission par mimétisme.
La surprotection joue aussi un rôle quant à l’apparition de l’anxiété. Un enfant que l’on met en garde de façon excessive et irrationnelle contre le monde extérieur pourra développer des craintes démesurées quant au fait de s’exposer au public.
Les facteurs environnementaux
Enfant ou adulte, il arrive que l’on évolue dans un environnement hostile, favorisant la dévalorisation, les agressions et les humiliations. Ceci peut avoir des conséquences dramatiques sur notre aptitude à s’exprimer en public. L’estime de soi et la confiance en soi étant affectées, il peut s’avérer très éprouvant de communiquer et s’exposer devant autrui.
Les facteurs traumatiques
Un jour, vous vivez très mal une situation de prise de parole. Un trou noir, un problème technique qui vous perturbe, des réactions inattendues venant du public… Il se peut alors que votre cerveau enregistre cet événement comme étant traumatisant. Il associera la perspective de la prise de parole en public à une situation de danger. Pour cette raison, quand l’occasion se présentera, il vous enverra des signaux de stress importants pour vous signifier le danger et vous exhorter à vous mettre en sécurité. Aussi illogique que cela puisse paraître, ce sera tout simplement pour vous protéger.
À noter que le nombre de cas dont les origines de la glossophobie ont des causes traumatiques est minoritaire.
La peur n’est rien d’autre qu’un monstre mental que tu as créé, un monologue intérieur négatif. Robin S. Sharma
Mais alors, quelles sont les solutions pour dépasser le trac et la glossophobie ?
Considérant les causes et origines de nos peurs, il apparaît que notre état d’esprit ainsi que la nature de nos pensées jouent un rôle indéniable sur le développement de ces ressentis. Ainsi, les solutions pour ne plus se laisser affecter par ces craintes vont s’articuler selon 4 axes :
- Consolider sa préparation
- Se reconnecter à ses émotions
- Pirater son mental
- Canaliser son énergie
1. Consolider sa préparation
Une mauvaise préparation accentuent fortement les risques de stress lors de vos prestations orales. Une bonne préparation permettra de se sentir plus solide et plus confiant. Cette préparation se fait en 3 étapes :
- L’élaboration du discours
- L’entraînement
- La mise en condition
L’élaboration du discours
Afin de vous éviter de vous perdre (ou de perdre le public) lors de votre prestation, votre présentation aura besoin d’être bien structurée. Cela implique un plan clair ainsi qu’un objectif bien défini et précis.
Vos idées pourront alors s’oragniser de façon cohérentes.
L’objectif, s’il est bien déterminé, sera l’idée principale à laquelle vous pourrez vous raccrocher en permanence, notamment en cas de perturbation. Ainsi vous éviterez de perdre le fil en sachant constamment où vous en êtes et où vous allez.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article « Comment rédiger un discours »
L’entraînement
Souvent négligé, l’entraînement est pourtant un élément indispensable pour se sentir plus en confiance. Eh oui, il est primordial de répéter votre discours, mais attention, pas n’importe comment ! Le but n’est surtout pas d’apprendre votre discours par cœur. Au contraire, entraînez vous à répéter votre speech à chaque fois de façon différente. Il importe bien sûr de garder votre structure ainsi que l’enchaînement de vos idées clés.
Pour vous préserver des risques de trous noirs, évitez de mémoriser votre discours par coeur. Mais, répétez ! répétez ! répétez !
Cela vous permettra ainsi de vous approprier votre discours et de vous assurer que vous êtes en mesure d’enchaîner vos idées de façon fluide.
La mise en condition
Afin de reprendre la maîtrise de votre communication, il importe de s’apaiser intérieurement avant de prendre la parole puis de se mettre en énergie.
La relaxation
La détente corporelle ainsi qu’une respiration longue et profonde vous permettront d’acquérir plus de sérénité.
Avant votre prestation, prenez un moment pour vous relaxer. Assis confortablement, détendez chaque partie de votre corps et concentrez-vous sur votre respiration. Cela vous permettra de relâcher les tensions tout en libérant votre esprit afin de mieux vous focaliser sur votre message.
L’échauffement
Afin de mobiliser votre corps et votre esprit à votre prise de parole, il importe de mettre le corps en énergie avant votre prestation. Pour ce faire la pratique d’un échauffement corporel et vocal seront nécessaires. Le dynamisme perçu dans votre corps ainsi que la clarté et fluidité de votre voix vous permettront de vous sentir plus à l’aise et davantage en confiance.
2. Se reconnecter à ses émotions
Lorsque l’on ressent une émotion qui nous semble désagréable, le réflexe le plus courant est de chercher à l’éviter. Seulement, l’émotion est un signal que nous envoie notre cerveau à un instant T pour nous faire réagir ou agir dans une situation donnée. Ainsi, lorsque ce signal est ignoré, le cerveau va tout simplement l’intensifier pour nous pousser à l’action. Ainsi pour apaiser les symptômes du stress, au lieu de les ignorer, il est nécessaire de chercher à se reconnecter à ses émotions. Cela passe par une reconnexion aux sensations du corps. Il s’agit d’écouter son coeur battre, ressentir la boule au ventre, sentir ses jambes qui tremblent, etc. en respirant profondément pour favoriser la détente du corps. On continue de porter sa conscience dans son corps et on ancre ses pieds au sol. Cela permettra d’acquérir stabilité et apaisement.
3. Pirater son mental
On distingue 2 types de peurs. Celles ressenties en situation de danger imminent, objectif et réel, qui sont dites peurs rationnelles. Et il y a les peurs psychologiques qui sont nourries par nos pensées qui présument de ce qui pourrait éventuellement se produire et non de la réalité présente.
L’anxiété et le stress ressentis avant une prise de parole sont donc principalement alimentés par notre mental. Ainsi, pour limiter l’accumulation du stress, on va chercher à pirater le mental pour court-circuiter son activité. On va donc repérer les pensées négatives qui contribuent à l’alimentation de notre stress. « je vais me planter », « je ne suis pas légitime », « je vais avoir l’air ridicule » etc. Il s’agit de reconnaître que ce sont les histoires que nous raconte notre mental, mais qu’elles ne sont pas fondées. Cela revient à observer ses pensées sans s’y attacher, juste pour repérer l’activité de votre mental. L’observation de ses pensées sans y accorder de crédit permet de désamorcer le processus des pensées incessantes.
Hacker les pensées et messages négatifs de notre cerveau
Avec les pensées obsédantes qui persistent, vous pouvez travailler à remodeler la nature de vos pensées négatives. En relevant les messages négatifs qui continuent de circuler dans votre esprit, vous pouvez les réadapter afin de modifier votre ressenti.
Imaginons que vous ayez des pensées telles que : “Ils vont trouver que j’ai l’air ridicule”, “Je vais avoir un trou noir”, “Pourvu que ça se passe bien”, “Et si je ne sais pas répondre aux questions posées”, etc…
Pour chaque pensée négative identifiée, définissez des messages positifs de réadaptation qui seront justes pour vous. Cela pourrait donner quelque chose comme ceci :
- “Ils vont trouver que j’ai l’air ridicule” = “Je connais mon sujet, je vais donc me focaliser sur mon message”
- “Je vais avoir un trou noir” = “Je suis capable de faire face à l’inattendu”
- “Pourvu que j’y arrive” = “ Je serai suffisamment préparé pour me sentir prêt”
- “Et si je ne sais pas répondre aux questions posées” = “ J’ai une bonne maîtrise de mon sujet et j’ai le droit de ne pas tout savoir”
- etc.
Faites ceci pour chacune de vos pensées perturbantes et prononcez les nouveaux messages positifs à haute voix plusieurs fois. Chaque fois qu’une pensée anxiogène s’éveille dans votre esprit, remplacez-la par le message positif qui convient. Votre cerveau ne peut se focaliser que sur une seule pensée à la fois. Ainsi, la pensée positive que vous aurez créée vous permettra de le détourner de celle qui s’avère source de stress.
En restructurant ainsi vos pensées, vous transformez vos idées négatives en messages énergisants qui renforceront votre assurance.
4. Canaliser son énergie
Comme nous l’avons vu précédemment, l’émotion est un signal que nous envoie notre cerveau pour nous faire agir ou réagir. L’émotion est une source d’énergie en mouvement. Ainsi, lorsque nous ignorons cette émotion, nous créons des tensions dans le corps qui bloquent cette énergie. Ainsi, la détente corporelle permettra à cette énergie de circuler de nouveau. Ensuite vous pourrez canaliser cette énergie en l’utilisant dans la transmission de votre message. Cela pourra se faire grâce à l’implication et l’engagement que vous mettrez au service de votre discours.
Conclusion
Vous voici désormais armé pour affronter vos prochaines prises de parole, la tête haute avec confiance et sérénité en dépasssant votre trac ou votre glossophobie. Attention, dépasser le trac ne veut pas dire que vous ne le ressentirez plus. On ne s’en débarasse vraiment, mais on apprend à composer avec, puis en faire un allié et une force.
En vous mettant en situation régulièrement, vous apprivoiserez de plus en plus facilement ces émotions qui vous tracassent. Vous développerez également vos aptitudes d’orateur et apprendrez à y prendre du plaisir. Vous pouvez par exemple prendre des cours de théâtre ou travailler avec un coach qui vous aidera à définir spécifiquement ce dont vous avez besoin pour bien progresser.
Si vos symptômes vous rendent particulièrement malade et vous paralysent fortement, n’hésitez pas à consulter un thérapeute. Des techniques telles que la Thérapie Comportementale Cognitive (TCC), l’EMDR en cas de cause traumatique ou encore l’hypnose pourraient s’avérer utiles.
Et vous, comment vivez-vous vos prises de parole en public ?